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"If" - Bernard LavilliersTu seras un homme, mon fils
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,Tu seras un Homme, mon fils.
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Courte promenade dans la poésie française, avec des impasses douloureuses, j'ai remonté le temps mais j'aurais pu aussi m'égailler dans l'espace, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, aux USA... mais il faut bien finir par choisir.
Alors, rendez-vous pour un dernier post avec un magnifique clin d'oeil à la poésie anglaise.
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"Or, Messieurs la comédieQue l'on juge en cet instant,Sauf erreur, nous peint la vieDu bon peuple qui l'entend.Qu'on l'opprime, il peste, il crie,Il s'agite en cent façons,Tout finit par des chansons..."(Beaumarchais) Le déserteur Monsieur le PrésidentJe vous fais une lettreQue vous lirez peut-êtreSi vous avez le tempsJe viens de recevoir Mes papiers militairesPour partir à la guerreAvant mercredi soirMonsieur le PrésidentJe ne veux pas la faireJe ne suis pas sur terrePour tuer des pauvres gensC'est pas pour vous fâcherIl faut que je vous diseMa décision est priseJe m'en vais déserter Depuis que je suis néJ'ai vu mourir mon pèreJ'ai vu partir mes frèresEt pleurer mes enfantsMa mère a tant souffertQu'elle est dedans sa tombeEt se moque des bombesEt se moque des versQuand j'étais prisonnierOn m'a volé ma femmeOn m'a volé mon âmeEt tout mon cher passéDemain de bon matinJe fermerai ma porteAu nez des années mortesJ'irai sur les chemins Je mendierai ma vieSur les routes de FranceDe Bretagne en ProvenceEt je dirai aux gensRefusez d'obéirRefusez de la faireN'allez plus à la guerreRefusez de partirS'il faut donner son sangAllez donner le vôtreVous êtes bon apôtreMonsieur le PrésidentSi vous me poursuivez Prévenez vos gendarmesQue je n'aurai pas d'armesEt qu'ils pourront tirer
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Ligne de foi
La faveur des étoiles est de nous inviter à parler,
de nous montrer que nous ne sommes pas seuls,
que l'aurore a un toit et mon feu tes deux mains.
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La môme néant
Quoi qu'a dit ?
- A dit rin.
Quoi qu'a fait ?
- A fait rin.
A quoi qu'a pense ?
- A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?
- A'xiste pas.
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