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    Ecoutez la chanson bien douce...

     

    Ecoutez la chanson bien douce

    Qui ne pleure que pour vous plaire,

    Elle est discrète, elle est légère :

    Un frisson d'eau sur la mousse !

     

    La voix vous fut connue (et chère ?)

    Mais à présent elle est voilée

    Comme une veuve désolée,

    Pourtant comme elle est encore fière,

     

    Et dans les longs plis de son voile 

    Qui palpite aux brises d'automne,

    Cache et montre au coeur qui s'étonne

    La vérité comme une étoile.

     

    Elle dit la voix reconnue,

    Que la bonté c'est notre vie,

    Que de la haine et de l'envie

    Rien ne reste la mort venue.

     

    Elle parle aussi de la gloire

    D'être simple sans plus attendre,

    Et de noces d'or et du tendre

    Bonheur d'une paix sans victoire.

     

    Accueillez la voix qui persiste

    Dans son naïf épithalame.

    Allez, rien n'est meilleur à l'âme

    Que de faire une âme moins triste !

     

    Elle est en peine de passage

    L'âme qui souffre sans colère.

    Et comme sa morale est claire !...

    Ecoutez la chanson bien sage.



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  • Gaspard Hauser


    Je suis venu, calme orphelin
    Riche de mes seuls yeux tranquilles,
    Vers les hommes des grandes villes :
    Ils ne m'ont pas trouvé malin.

    A vingt ans un trouble nouveau,
    Sous le nom d'amoureuses flammes,
    M'a fait trouver belles les femmes :
    Elles ne m'ont pas trouvé beau.

    Bien que sans patrie et sans roi
    Et très brave ne l'étant guère,
    J'ai voulu mourir à la guerre :
    La mort n'a pas voulu de moi.

    Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
    Qu'est-ce que je fais en ce monde ?
    Ô vous tous, ma peine est profonde :
    Priez pour le pauvre Gaspard.



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     Green

     

    Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches

    Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous

    Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches

    Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.


    J'arrive tout couvert encore de rosée

    Que le vent du matin vient glacer à mon front.

    Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée

    Rêve des chers instants qui la délasseront.


    Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête

    Toute sonore encor de vos derniers baisers ;

    Laissez la s'apaiser de la bonne tempête.

    Et que je dorme un peu puisque vous reposez.



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    Mon rêve familier


    Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.


    Car elle me comprend et mon coeur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

     
    Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore,
    Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

     
    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave elle a
    L'inflexion des voix chères qui se sont tues.



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    Brise marine


    La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres. 
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres 
    D'être parmi l'écume inconnue et les cieux ! 
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux 
    Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe 
    Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe 
    Sur le vide papier que la blancheur défend 
    Et ni la jeune femme allaitant son enfant. 
    Je partirai! Steamer balançant ta mâture, 
    Lève l'ancre pour une exotique nature ! 


    Un Ennui, désolé par les cruels espoirs, 
    Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs ! 
    Et, peut-être, les mâts, invitant les orages 
    Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages 
    Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots... 
    Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!



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