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Le déserteur - Boris Vian (1920/1959)
"Or, Messieurs la comédieQue l'on juge en cet instant,Sauf erreur, nous peint la vieDu bon peuple qui l'entend.Qu'on l'opprime, il peste, il crie,Il s'agite en cent façons,Tout finit par des chansons..."(Beaumarchais) Le déserteur Monsieur le PrésidentJe vous fais une lettreQue vous lirez peut-êtreSi vous avez le tempsJe viens de recevoir Mes papiers militairesPour partir à la guerreAvant mercredi soirMonsieur le PrésidentJe ne veux pas la faireJe ne suis pas sur terrePour tuer des pauvres gensC'est pas pour vous fâcherIl faut que je vous diseMa décision est priseJe m'en vais déserter Depuis que je suis néJ'ai vu mourir mon pèreJ'ai vu partir mes frèresEt pleurer mes enfantsMa mère a tant souffertQu'elle est dedans sa tombeEt se moque des bombesEt se moque des versQuand j'étais prisonnierOn m'a volé ma femmeOn m'a volé mon âmeEt tout mon cher passéDemain de bon matinJe fermerai ma porteAu nez des années mortesJ'irai sur les chemins Je mendierai ma vieSur les routes de FranceDe Bretagne en ProvenceEt je dirai aux gensRefusez d'obéirRefusez de la faireN'allez plus à la guerreRefusez de partirS'il faut donner son sangAllez donner le vôtreVous êtes bon apôtreMonsieur le PrésidentSi vous me poursuivez Prévenez vos gendarmesQue je n'aurai pas d'armesEt qu'ils pourront tirer
Tags : vian, boris, déserteur
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Commentaires
Intervention de Pimpin :
Dis donc Elsa, c'est le blues fin de blog ?
C'est un blog poésies, ici, et pas un blog activiste ou polémiste.
Peut-être, tu crois que je devrais en recommencer un ?
D'autant plus que comme dirait Muriel Robin : "Tout m'énerve !"
A bientôt, pour un dernier post.
4PimpinMardi 22 Mars 2011 à 14:25
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Il est vrai qu'en ce moment, il y a plus de sang et de larmes que de chansons. Les vues à court terme, les mauvais choix et la Liberté se payent encore chèrement tant à un niveau individuel que collectif.
Paix sur la terre et Sagesse à nos dirigeants pour éviter l'accentuation d'une politique qui pressure et chosifie les hommes.
J'ai traduit ça récemment de la sorte :
"Avant, l'outil de travail était au service de l'amélioration des conditions de vie des êtres humains, maintenant ce sont les êtres humains qui sont au service de l'amélioration des conditions de vie de l'outil de travail."
Et pour ceux qui ne seraient pas contents de ne pas accepter l'inacceptable : la perspective de la porte ou le spectre du chômage.
"Un Etat qui rapetisse les hommes pour en faire des instruments dociles entre ses mains, même en vue de bienfaits, un tel Etat s'apercevra qu'avec de petits hommes, rien de grand ne saurait s'accomplir et que la perfection de la machine à laquelle il a tout sacrifié n'aboutit finalement à rien, faute de cette puissance vitale qu'il lui a plu de proscrire pour faciliter le jeu de la machine."John Stuart Mill (1806/1873)