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    Heureux qui comme Ulysse

     

    Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,

    Ou comme cestuy-là, qui conquit la toison,

    Et puis est retourné plein d'usage et raison 

    Vivre entre ses parents le reste de son âge !

     

    Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village  

    Fumer la cheminée et en quelle saison

    Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,

    Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

     

    Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux

    Que des palais romains le front audacieux ;

     Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,

     

    Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,

    Plus mon petit Liré que le mont Palatin,

    Et plus que l'air marin la douceur angevine.

     

     

     


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    De sa grande amie 

     

    Dedans Paris, ville jolie,

    Un jour passant mélancolie, 

    Je pris alliance nouvelle

    A la plus gaie demoiselle

    Qui soit d'ici en Italie.

     

    D'honnêteté elle est saisie,

    Et  crois, selon ma fantaisie

    Qu'il n'en est guère de plus belle

    Dedans Paris.

     

    Je ne vous la nommerai mie,

    Sinon que c'est ma grande amie ;

    Car l'alliance se fit telle

    Par un doux baiser que j'eus d'elle,

    Sans penser aucune infamie,

    Dedans Paris.



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    La complainte

    (extrait)

     

    Les maux ne savent seuls venir :

    Tout ce qui m'était à venir 

    Est advenu.

    Que sont mes amis devenus

    Que j'avais de si près tenus

    Et tant aimés ?

    Je crois qu'ils sont trop clair semés :

    Ils ne furent pas bien fumés,

    Si m'ont failli.

    Ces amis-là m'ont bien trahi,

    Car, tant que Dieu m'a assailli

    En maint côté,

    N'en vis un seul, en mon logis :

    Le vent, je crois, les m'a ôtés.

    L'amour est morte :

    Ce sont amis que vent emporte,

    Et il ventait devant ma porte :

    Les emporta.

     

     

     

     

      "Pauvre Rutebeuf" - Léo Ferré

     


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  • AccueilJe ne puis rester longtemps loin des mots. La poésie est une drogue qui ne coûte rien et n'a pas d'effets secondaires nocifs, bien au contraire.

    Comme me l'a dit, quelqu'un que j'aime bien : " Mais enfin, la poésie, ça ne sert à rien !". C'est vrai, dans un monde où tout est jugé sur des valeurs hiérarchiques et marchandes, ça ne sert à rien. 

    Alors je dirais que la poésie, c'est ce pont qui vous mène vers un autre monde, parallèle, magique et musical, c'est une tentative de relier le monde visible et invisible, et d'en dire l'indicible avec des mots.

    C'est donc, avec grand plaisir, que je partage avec vous, dans cette oasis virtuelle, ces quelques poésies, choisies sur des critères purement subjectifs : une musicalité ou une charge émotionnelle qui me touche. Elles m'ont suivie, aidée et apaisée, tout au long de ma vie, qu'il puisse en être de même pour vous.

    La poésie, ça ne sert à rien, c'est juste le réenchantement du monde...



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